viernes, 23 de noviembre de 2012

Les entreprises françaises résistent à la crise en Catalogne

Parmi les 114 chambres de commerce françaises dans le monde, celle de Barcelone est l'une des plus anciennes. C'est même la première en Europe, puisqu'elle fut fondée en 1883. Elle s'étend aujourd'hui sur toute la Catalogne, où l'on recense la moitié des 1 500 entreprises d'Espagne contrôlées par des capitaux français. Des entreprises qui résistent plutôt bien, malgré le contexte de crise -au niveau économique et politique-, comme le constate Philippe Saman, directeur de la chambre de commerce française de Barcelone.

ESPAGNE / FRANCE.

Econostrum.info : Quel est l'impact de la crise sur les entreprises françaises installées en Catalogne ?

Philippe Saman : Les grands groupes continuent à investir, comme en témoignent les agrandissements de l'usine Sanofi à Gérone, et celui de Schneider, qui développe son plus grand site logistique du sud de l'Europe à Sant Boi de Llobregat, près de Barcelone. Les investissements se maintiennent, même si leur rythme s'est ralenti, notamment pour les entreprises les plus petites, davantage exposées à la crise.

Econostrum.info : Quels sont les secteurs qui souffrent le plus de cette conjoncture ?

Philippe Saman : Le secteur de la distribution, notamment les enseignes françaises de la GMS, reste particulièrement touché, parce que le marché s'est réduit en raison de la baisse sensible de consommation en Espagne et que les prix deviennent de plus en plus tirés. Dans le même ordre d’idée, nous pensons aux enseignes du textile, qui doivent affronter la concurrence de groupes comme Zara ou Mango devenus plus agressifs face à la crise, et ceci avec succès. Mais le problème se pose de la même manière en Catalogne comme partout ailleurs en Espagne, car les difficultés demeurent directement liées à la baisse du pouvoir d'achat et au contexte de dégradation du marché de l'emploi. Il faut rappeler que le taux de chômage dépasse déjà 25 % de la population active en Espagne. Toutes les entreprises qui nécessitent un appui financier souffrent également à cause de l'assèchement du crédit bancaire, qui découle évidemment tout aussi directement de la crise financière dont souffre le pays.

Les Technologies de l'Information et la Communication ont le vent en poupe

 
Philippe Saman, directeur de la chambre de commerce française de Barcelone (photo CCI)

 

Econostrum.info : Certains secteurs sont-ils épargnés ?

Philippe Saman : Parmi les secteurs qui se portent bien, nous retrouvons bien sûr les Technologies de l'Information et la Communication (TIC) et leurs applications en télécommunications, E-commerce ou E-santé par exemple. Barcelone reste bien positionnée dans ce domaine puisqu’elle attire les entreprises à la recherche d’un environnement de travail favorable et de networking professionnel de haut niveau. La Ville a beaucoup travaillé à la localisation du « World Mobile Congress », le rendez-vous annuel du salon de téléphonie mobile dont elle est désormais la capitale mondiale. Elle poursuit une stratégie similaire avec Smart Cities, le salon des villes intelligentes.
Enfin, l'industrie touristique continue à tirer son épingle du jeu dans la conjoncture actuelle, et particulièrement en Catalogne ; l'aéroport de Barcelone est d'ailleurs l'une des seules plates-formes du sud de l'Europe à progresser grâce à l'arrivée de touristes toujours plus nombreux. Les entreprises françaises en profitent évidemment, notamment dans l'hôtellerie, où il faut signaler le développement du groupe Accor et le dynamisme de l'enseigne Campanile, qui vient de fêter ses vingt ans en Espagne.

Econostrum.info : Quel est le rôle de la chambre de commerce auprès des entreprises françaises ?

Philippe Saman : Nous avons pour première mission de faciliter les contacts entre nos 500 entreprises membres. C'est un rôle de « networking » d'autant plus efficace que nous réunissons, au sein de notre association, 40 % d'entreprises espagnoles et de groupes catalans qui se développent en France. Il existe donc une véritable volonté d’échange entre les membres de la chambre de commerce française de Barcelone. Au-delà, il s’agit pour nous d'accompagner les entreprises dans leur développement commercial sur les deux marchés, à trouver des débouchés, des partenaires ou du personnel qualifié.

Des entrepreneurs attentifs et sereins face aux enjeux politiques

 


Econostrum.info : Comment la montée de l'indépendantisme catalan, en vue des élections régionales du 25 novembre 2012, est-elle perçue par les entrepreneurs français ?

Philippe Saman
 : Je pense que ce sont des enjeux que nous pouvons avoir du mal à comprendre en France, parce que nous sommes un pays très jacobin, résolument centralisateur. Plus ennuyeux en revanche, reste l’incompréhension de Madrid sur cette problématique et le peu de cas fait au sentiment indépendantiste catalan. Personnellement, je pense qu'un changement institutionnel en Catalogne ne modifierait pas fondamentalement les règles du jeu pour les entreprises françaises installées ici, d’autant que nous ne pouvons imaginer que l'Union Européenne puisse se passer d'une région aussi riche que la Catalogne, et d'une capitale aussi dynamique que Barcelone.

Econostrum.info : Les prétentions indépendantistes ont-telles, selon vous, un fondement économique ?


Philippe Saman
 : A ce niveau, nous pouvons les comprendre. Il suffit de prendre l'exemple du couloir méditerranéen, en faveur duquel la chambre de commerce française de Barcelone milite activement. Il faut savoir que le territoire entre Algésiras, au sud de l'Espagne, et la frontière française représente à peu près 60 % du PIB espagnol, et même davantage en termes de commerce extérieur. Dans un pays comme l'Espagne, qui possède le réseau ferré à grande vitesse le plus récent d’Europe et avec le plus grand nombre de kilomètres, il n'est pas acceptable de négliger l'axe méditerranéen. De même, il semble tout à fait anormal que le port de Barcelone ne soit pas relié au réseau ferré, compte tenu des investissements réalisés à la date d’aujourd’hui pour son aménagement et son extension. D'un point de vue économique, c'est un exemple qui justifie parfaitement les revendications de ceux qui plaident en faveur d'une plus grande autonomie, voire d'indépendance. Il est logique que chacun puisse vouloir décider du sort de l'avenir de son territoire. Reste à trouver la meilleure formule juridique, administrative et politique. Mais en tout cas, il faut que les choses bougent.

Econostrum

No hay comentarios: